La collaboration entre Chris Van Dusen et Shonda Rhimes remonte à loin. En fait, cela remonte à 16 ans, juste avant les tous premiers épisodes de Grey's Anatomy, lorsqu'en 2004, Van Dusen était récemment diplômé de l'Université de Californie du Sud dans le Programme de production de Peter Stark, prêt à affronter Hollywood. Comme c'est souvent la voie pour les jeunes brillants et ambitieux avec des ambitions similaires, Van Dusen a cherché des postes d'assistant. Bien qu'il ait appris la plupart des aspects de la production cinématographique et télévisuelle à l'école, c'est une expérience sur le tas qui vous mènera aux endroits où vous voulez être à Hollywood et Van Dusen voulait depuis longtemps être un créateur avec sa main à la tête de ses propres projets.
"J'ai toujours été un scénariste en quelque sorte.", déclare Van Dusen qui a grandi dans le Maryland en tant qu'enfant unique. "En grandissant, j'ai passé plus de temps devant la télévision que je pense que mes parents auraient voulu savoir."
Après quelques années en tant qu'assistant de Rhimes, Van Dusen est entré dans la salle des scénaristes de Grey's, avec son premier crédit officiel sur l'épisode My Favorite Mistake de la saison trois. Depuis, il a travaillé sur presque toutes les séries de Shondaland, y compris Private Practice et The Catch. Avant de se voir confier les règnes de La Chronique des Bridgerton, la première série de Shondaland dans l'accord de développement global avec Netflix, il était co-producteur exécutif de Scandal. Mais après plus d'une décennie à écrire et à contribuer à la liste de production de Shondaland, Van Dusen avait hâte d'entrer dans un ton et un cadre différent.
La Chronique des Bridgerton était la réponse. La série de huit épisode est une romance coquine qui suit la haute société de la Régence anglaise avec un accent sur la famille Bridgerton, spécifiquement Daphne Bridgerton et sa quête d'une parfaite rencontre. Les livres de Julia Quinn, auteure à succès du New York Times, et dont la série est adaptée, ont mis en évident les éléments de narration préférés de Van Dusen : un puissant groupe de personnage encerclé par la romance, le sexe et le mystère. Pour couronner le tout, Van Dusen était depuis longtemps intrigué par les œuvres d'époque, et à ses yeux, la Régence londonienne implorait une réinvention. Ainsi, La Chronique des Bridgerton était la rencontre parfaite de Van Dusen.
Avant la sortie de la série le 25 décembre sur Netflix, Shondaland s'est assise avec Van Dusen pour discuter de son processus créatif, venant du giron de Shondaland et les défis et joies de diriger une immense propriété.
Valentina Valentini : Quel a été le plus grand défi d'être le capitaine d'un projet comme La Chronique des Bridgerton ?
Chris Van Dusen : Je ne pense pas qu'il y ait eu quoi que ce soit de facile dans la série, mais c'est bien sûr ce qui la rendait si enrichissante. La Chronique des Bridgerton est une série énorme et il y a tellement de gens dont je suis responsable en tant que showrunner. Il y avait tellement de chose que je devais traverser au jour le jour que cela pouvait souvent être accablant. Donc, ouais, c'est le travail le plus difficile que j'ai jamais eu, mais cela en a fait le plus satisfaisant.
VV : Avez-vous déjà eu un moment OMG ?
CVD : En fait, c'était notre tout premier jour de tournage. Nous avons commencé par une scène d'amour très intense et intime entre Daphne (Phoebe Dynevor) et Simon (Regé-Jean Page). Ils ont fait du très bon travail. C'était comme s'ils avaient travaillé ensemble pendant des années, et c'est juste quelque chose dont je me souviendrai toujours : être assis dans un village vidéo, à les regarder et à voir leur alchimie. C'est là que j'ai su que nous avions quelque chose de spécial. Je savais que nous avions raison.
VV : Que voulez-vous que le public retire de cette série ?
CVD : Je veux qu'ils puissent s'échapper, être transporter dans un autre temps et un autre endroit et vivre avec ces gens. Je veux qu'ils se voient à travers les personnages et qu'ils s'identifient, rient, aiment et pleurent avec eux. A la fin de la journée, La Chronique des Bridgerton est une série sur l'amour. Et je pense que c'est quelque chose que tout le monde veut aussi.
VV : La pandémie a-t-elle affecté la sortie de La Chronique des Bridgerton dans le monde ?
CVD : C'était vraiment un défi mais heureusement, nous avions déjà terminé La Chronique des Bridgerton avant que le Covid-19 ne frappe. Depuis, nous avons pu travailler à distance sur la série et lancer la série cette année. Mais avec la pandémie, c'est un monde entièrement nouveau maintenant. Nous passons beaucoup de temps sur Zoom ou Google Hangouts. Nous avons mixé la série virtuellement, presque tout le montage a été fait virtuellement. Cela a soulevé des défis uniques et je pense que pour l'avenir, il y a maintenant toute une série de nouveaux défis à prendre en compte pour nous assurer que nous gérons le plus important : la sécurité de tous.
VV : Ce n’est pas votre première incursion dans Shondaland. Vous vous souvenez avoir rencontré Shonda pour la première fois ?
CVD : Je pense que c'était aux alentours de 2004 et nous nous sommes rencontrés sur un banc à l'extérieur de ce qui est maintenant les bungalows de Grey's Anatomy à Prospect Studios. Je postulais pour être son assistant. Et maintenant, je suis une personne très ponctuelle : je suis le genre de gars qui se présente à l'aéroport deux heures avant le décollage de mon avion. Je ne suis jamais en retard. Et ce jour-là, j'étais en retard. Je ne me souviens même pas pourquoi mais je me souviens avoir couru de ma voiture à ce banc pour la rencontrer. Une fois sur place, bien sûr, je me suis confondu en excuse. Heureusement pour moi, elle ne m'en voulait pas.
VV : Comment était-ce ces premiers jours à Shondaland ?
CVD : J'ai commencé comme assistant de Shonda mais nous avons toujours parlé de ce que je voulais faire par la suite. Je lui ai que je voulais écrire, et une des premières choses qu'elle m'a dit, c'est que si je voulais écrire, je devais prendre le temps d'écrire. Dès le début, elle m'a toujours dit qu'à la fin de la journée, quand on a le moins envie de le faire, il faut encore aller travailler sur ses scripts. C'est donc ce que j'ai fait. Après avoir été son assistant pendant trois ans, j'ai commencé à écrire pour Grey's et Scandal.
En gravissant les échevelons de Shondaland, vous apprenez beaucoup de chose sur l'écriture de la meilleure façon possible. Les séries de Shondaland racontent toujours des histoires qui reflètent le monde dans lequel on vit et de manière si puissante et émouvante. Travaillant directement avec Shonda pendant si longtemps, il est devenu vraiment clair qu'elle avait cette étonnante capacité à sembler toujours savoir ce que le public voulait voir et de créer ces personnages à qui l'on pouvait s'identifier mais toujours nuancés et imparfaits. Que ce soit Meredith disant à Derek de la choisir dans Grey's ou Fitz et Liv coincés ensemble dans un bunker pendant un épisode entier de Scandal, elle sait instinctivement ce que le public veut voir. Vous espérez que travailler avec elle pendant si longtemps, cela a déteint sur vous. Et j'ai appris qu'il ne s'agissait pas seulement d'explorer ces mondes et personnages variés, mais toujours à la fin de la journée d'avoir quelque chose à dire sur le monde, sans jamais se sentir prêcheur. Je pense que c'est quelque chose que vous apprenez à faire en gravissant les échelons des séries de Shondaland.
VV : Avez-vous toujours voulu être écrivain pour la télévision ?
CVD : Je dirais que j'ai toujours été un écrivain en quelque sorte. Je voulais être journaliste et suis allé à l'école pour ça, mais j'ai vite constaté qu'il me manquait quelque chose en termes de créativité dans l'écriture. Je me suis concentré sur ce qui m'obsédait vraiment : le cinéma et la télévision. Même à un jeune âge, j'étais obsédé par la télévision, mais je ne regardais pas le genre de chose dont parlaient les autres enfants du quartier. J'ai appris assez tôt que mes goûts étaient plus éclectiques, plus diversifiés. Ils parlaient de Friends et Seinfeld et je regardais des choses comme Les Craquantes et Martin. Je pense que c'est pourquoi mes goûts à ce jour sont si variés.
VV : Comment décririez-vous votre processus créatif ?
CVD : Mon processus créatif change de projet en projet et même de jour en jours. Je pense que cela a aidé à garder les choses fraîches et excitantes. Travaillant pour Shondaland depuis si longtemps, je sais que tout se résume au personnage. Cela signifie que vous avez besoin de savoir qui sont vos personnages, ce qui les motive, ce qui les pousse à faire ce qu'ils font et pourquoi. Il ne s'agit pas de raconter une histoire pleine de mouvements sympas ou de rebondissements loufoques, mais de révéler quelque chose d'intéressant sur le personnage que vous écrivez. Souvent, je creuse intentionnellement un trou pour moi-même, comme m'écrire dans un coin, de sorte que je suis forcé de trouver le moyen le plus intéressant de m'en sortir. Il s'agit d'essayer de trouver des moyens inattendus de présenter mes personnages. C'est une méthode assez simple : je me demande quelle serait la manière la plus simple de faire quelque chose, puis je fais le contraire.
VV : En tant que créateurs avec une plate-forme, nous pouvons dire quelque chose sur le monde et au monde. Quel est ce message pour vous ?
CVD : C'est une autre chose qui change pour moi en fonction du projet. Avec La Chronique des Bridgerton, je voulais m'évader dans ce monde luxuriant, magnifique et cinématographique, mais je voulais aussi explorer de vrais sujets comme le genre et la classe, et la race et la sexualité ; des sujets pertinents et importants. Et je pense que nous avons pu le faire avec cette série et c'est quelque chose que je veux pouvoir faire avec tout mon travail. Je ne pourrais pas vraiment être fier de quelque chose si je ne disais pas quelque chose de significatif sur le monde dans lequel nous vivons tous.